De l’absurdité de travailler la photographie argentique de nos jours – partie 1
- Olivier Duval-Desnoës
- 26 nov. 2024
- 3 min de lecture
Oui j’aime bien les titres accrocheurs et provocateurs. Attention, il faudra plusieurs articles pour épuiser le sujet. Mais ça reste accessible je crois ! Je vais mettre des images pour que ça reste digeste ;). Donc à partir de cette semaine, photographie argentique vs photographie numérique.

Parlons aujourd'hui définition (en pixels) d’un capteur, et comparons à une pellicule, d’abord. Les appareils photo numériques atteignent sans difficulté 33, voire 60 mégapixels (MPx) soit 60 millions de points différents par image : 9 504 x 6 336 pixels chez Sony. Un tirage à 200 pixels par pouce (qui correspond au pouvoir discriminant moyen de l’œil humain à 40 cm) d’une telle image mesure 1,20 m de long pour 80 cm de haut, ce qui est très largement supérieur à tout ce que vous trouverez au mur chez M. ou Mme Tout-Le-Monde ! et même en trichant un peu on peut monter bien au-dessus. En fait, comme les très grands tirages sont conçus pour n’être vus qu’à grande distance, il n’y a même pas de limite qualitative claire aux dimensions d’un tirage d’une photo de 60 MPx.

La définition d’une image numérique arrive donc à un optimum technique, et à l’inverse permet de recadrer assez sévèrement : on peut enlever plus de 80 % de l’image en conservant une résolution parfaite de 300 ppp sur un écran de 15 pouces ou un tirage de 20 x 30 cm. On peut considérer que ces caractéristiques sont idéales, très loin devant nos vieux appareils, argentiques ou numériques.


A l’inverse, et même s’il y a débat sur le résultat exact des calculs, un film argentique 24 x 36 à faible grain donne en numérisation 6 à 12 millions de pixels différents (8 MPx environ). La messe est dite, on ne peut tirer sans perte de résolution apparente qu’AU MAXIMUM en 20 x 30 cm ou afficher sur écran AU MAXIMUM en 15 pouces.

Prenons à présent le « problème » par l’autre bout, et regardons de près les clichés de Sabine Weiss, Henri Cartier-Bresson, Lee Miller, Willy Ronis, Vivian Maier, Steve McCurry, et de manière générale de tous les grands maîtres de l’argentique (de la photo tout court, car ils ne se définissent pas par la technique utilisée) ; nous semble-t-il que leurs œuvres auraient été (encore) plus percutantes avec 60 MPx ? Les regarde-t-on souvent de près au-delà de 20 x 30 cm d’ailleurs ? Est-ce que la définition de l’image, enfin, est une caractéristique déterminante de leurs productions ?

Qui plus est les photographes argentiques ont depuis toujours une excellente réponse au besoin de grands tirages, le moyen format (appareils à pellicule de 6 cm de large) ou le grand format (chambres photographiques). Ainsi même en argentique, pas de problème pour des tirages géants de paysages magnifiques par exemple, à condition d’avoir choisi le matériel à la prise de vue.

Est-ce que l’on n’est pas en train de tous se focaliser sur une performance technique certes intéressante, qui certes permet de vendre de nouveaux appareils y compris à des gens qui en ont déjà, mais qui ne représente pas une vraie révolution ?
Mon avis actuel sur la question : hormis besoin de recadrage massif ou de très grands tirages, le refus de l’argentique pour des raisons de définition d’image n’est pas une bonne raison !
La suite au prochain épisode ...
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