L’argentique en mariage, mauvaise idée ?
- Olivier Duval-Desnoës
- 17 déc. 2024
- 3 min de lecture
Déjà, pourquoi ?
Bien gérés, les deux font de merveilleux souvenirs. Il s’agit là d’une question de goût quant au rendu de la photo sur écran ou sur papier.
En noir et blanc on a essentiellement une différence de grain ; chaque photographe a son émulsion fétiche et donc sa pellicule préférée, avec un grain de forme et de taille différente selon la « recette » du fabricant. On évite ainsi les à-plats ennuyeux en créant de la structure, et c’est bien souvent ce qui fait dire à certains néophytes qu’ils préfèrent toujours les photos en argentique, et en noir et blanc. De même chaque pellicule a son contraste propre, bien évidemment influencé par la technique utilisée au développement (stand dev ou développement standard, utilisation d’un révélateur ou d’un autre, etc.) et par le contraste naturel de la scène immortalisée (contre-jour ou soleil dans le dos, lumière rasante de fin de journée ou soleil zénithal, lieu ombragé ou non, …). En reportage de mariage j’ai actuellement une préférence pour la pellicule Kodak Tmax 400. Mais tout cela peut évoluer !

En couleur on a toujours une palette de couleurs déterminée par les pigments intégrés aux trois couches d’émulsion photosensible de la pellicule. Ainsi on est dépendant de cette palette préétablie et on ne peut pas facilement s’en extraire au post-traitement, et l’on doit donc accepter cette limite. De plus, encore plus qu’en noir et blanc, la texture très douce du « grain » (en fait de petits « nuages » de colorants) atténue la sensation de netteté, le piqué de l’image ; l’on peut s’extraire de cette perte de netteté en utilisant des appareils haut de gamme de moyen format de pellicule, pour un coût supérieur, auquel cas on perd énormément en spontanéité de prise de vue, l’appareil étant bien plus cher, encombrant, et malcommode à utiliser. Aussi pour ma part, bien que possédant un appareil moyen format Mamiya RB 67 Pro SD de très grande qualité, je rechigne à l’utiliser en reportage ; il peut à la rigueur servir en shooting couple, à condition de garder en tête que les photos seront posées donc pas spontanées, et qu’il n’y en aura pas des centaines (une pellicule contenant 10 photos, toutes ne pouvant pas être parfaites, …).

Pour ma part, en couleur comme en noir et blanc, j’ai tendance à me limiter à un ou deux appareils reflex 24*36, un presque intégralement manuel, un autre bien plus automatique, et à préférer le rendu monochrome de la Tmax 400 ou couleur de la Kodak Portra (160, 400 ou 800) donc les tons chair sont très réputés (mais les photos couleurs en intérieur ou par temps couvert seront très, voire trop douces pour notre œil habitué à l’ultra netteté des hybrides récents).

Quels sont les inconvénients, pour peu que le rendu nous convienne ?
D’abord, on ne livre pas 1 000 photos en reportage de mariage argentique. C’est physiquement impossible d’avoir autant de clichés parfaitement exploitables pour un seul photographe.

Ensuite, il faut suffisamment bien maîtriser l’éclairage de chaque scène pour récupérer une majorité de clichés techniquement réussis sans avoir la possibilité de jeter un œil après coup comme en numérique.

Ensuite, il faut développer chaque pellicule de façon professionnelle ou les faire développer, et scanner chaque cliché négatif de façon professionnelle également. Ceci prend un temps considérable.

Enfin, même révisés suffisamment régulièrement, et à l’exception de quelques rares et inaccessibles Rolls encore fabriquées de nos jours, les appareils argentiques sont de vieux objets qui peuvent être capricieux ; le reportage peut éventuellement s’arrêter à tout moment !!! autant dire que tout faire en argentique nécessite d’avoir plusieurs appareils interchangeables (ce qui est possible) avec un grand nombre de rouleaux de pellicule (ce qui est coûteux, surtout chez Kodak !!!) et de garder la foi !

Il en ressort qu’un reportage de mariage tout argentique est un risque, même calculé, et un coût en temps, en matériel, en consommable. Même une option argentique en plus d’une trame numérique dans un mariage représente pour les mariés un coût fixe et un coût par pellicule à définir en fonction du projet. C’est un luxe, mais un luxe qui a de la gueule !
コメント